Le BTP 2.0 : tourné vers le futur
D’ici 2030, le BTP devrait représenter 14,5 % du PIB mondial. Ce secteur incontournable n’est donc pas près de péricliter pour peu qu’il réussisse, comme de nombreux autres domaines, son virage numérique. Et malgré un démarrage un peu difficile, le BTP se modernise de plus en plus vite, à tous les niveaux.
L’innovation la plus flagrante est la montée en puissance du BIM, pour Building Information Modeling (ou Modélisation des Données du Bâtiment dans la langue de Molière). Cette méthode de travail implique notamment la création d’une maquette numérique, en 3D, du futur bâtiment. La particularité, c’est que tous les corps de métiers impliqués utilisent et agrémentent la même maquette partagée. Les processus de conception, construction, exploitation, voire de démolition, sont optimisés. La viabilité de la structure est également testée virtuellement, ce qui permet bien souvent de réduire les coûts de réalisation.
La réalité virtuelle au service de la sécurité
Qui dit maquette en 3D dit immersion possible en réalité virtuelle. Si l’avantage évident est d’optimiser la conception et la construction, en se « promenant » dans la future structure, la technologie permet également de renforcer la sécurité des professionnel.le.s sur le chantier. Lors de la construction de la Nouvelle Route du Littoral sur l’île de la Réunion par exemple, un viaduc en mer où la passerelle est accrochée au pont, un danger potentiel fut identifié pour la personne chargée de terminer les finitions du béton. Grâce à des simulations virtuelles, l’équipe a pu définir une manière de se déplacer d’un niveau à l’autre de la passerelle en évitant les risques de chutes.
Des bâtiments connectés, évolutifs et écologiques
Les bâtiments à énergie positive (qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment) se développent de plus en plus. En France, c’est Lyon qui a accueilli le premier îlot de logements à énergie positive, en 2016, grâce à l’apport de l’architecture bioclimatique : panneaux photovoltaïques sur les toits et les façades, enveloppe des immeubles qui s’adapte aux mouvements du soleil pour mieux capter ses rayons, ajustement automatique et permanent des besoins en électricité, capteurs en tout genre, utilisation de matériaux favorisant les économies d’énergie… Cet ensemble d’habitations et de bureaux est un concentré d’innovations.
Les routes du futur
Les métiers se transforment
La modernisation du BTP passe de fait par une évolution des métiers associés et des compétences à mettre en œuvre. Prenons l’exemple du.de la géomètre-topographe. Chargé.e de donner la mesure d’un chantier, il.elle peut aujourd’hui utiliser des drones équipés d’outils laser pour couvrir plus de surface, accéder à des endroits dangereux sans risque, puis restituer les résultats en 3D sur des logiciels spécifiques.
Le.la géomètre « moderne » devient donc pilote de drones, modélisateur.rice 3D, rompu.e au traitement d’images numériques… Un changement assez radical qui touche plusieurs métiers du secteur.
Une volonté de se moderniser
L’introduction de toutes ces technologies ne pourrait pas fonctionner si les opérateur.rice.s de terrain ne souhaitaient pas s’en saisir. Si la volonté existe, elle reste encore assez faible au regard des avancées. Une étude récente centrée sur la prévention des risques chez des artisans des BTP montre par exemple que 44 % des interrogé.e.s utilisent un outil en ligne pour évaluer les risques et que 33 % sont prêt.e.s à utiliser un exosquelette pour faciliter certaines de leurs situations de travail. Des chiffres néanmoins encourageants, qui montrent bien que le BTP du futur sera résolument technologique.